Un avant-goût de la rentrée littéraire
Nouveaux titres, primo-romanciers, retours tant attendus de stars de la littérature, la rentrée littéraire est une promesse.
Bienvenue dans cette 36ème édition de Aux livres, etc. 📚
Ici, on se penche davantage sur l’acte de lire que sur celui d’écrire, en se situant du côté des lecteurs et lectrices, avec toutes les deux semaines une thématique liée à la littérature et à la lecture. Retrouve la genèse du projet par ici pour en savoir plus.
C’est officiel, je vais trop loin !
En pleines vacances, je fantasme sur la rentrée. Bon, passe encore.
Mais, je viens de passer une dizaine d’heures à compiler un tableau Excel de 140 titres à paraitre à cette rentrée littéraire d’automne. 🫣
Pardonnez à celle qui adore cette effervescence de la rentrée.
Excusez la bonne élève qui ne se lasse pas de faire des fiches et des listes.
Soyez indulgent envers ma totale impatience qui ne se satisfait jamais du seul livre qu’elle lit.
J’aime me projeter, attendre, espérer, noter des dates de sortie dans mon agenda.
Je suis absolument conquise, voire soumise à ce phénomène, certes commercial, mais si littéraire, si français… Comment ne pas succomber à ce charme fou ? 🥰
Certains font des repérages avant les soldes, moi je rêve devant les nouvelles couvertures qui envahiront bientôt les librairies. Et un récent sondage auprès de vous m’a rassurée, je ne suis pas si seule dans cette attente passionnée (merci) !
Il ne m’en fallait pas plus. J’ai analysé (névrotique, la fille) une centaine d’ouvrages pour tenter de saisir un avant-goût de la rentrée et me lancer dans cette revue, avec tout l’arbitraire que l’exercice comporte.
Alors, alors, alors, on va lire quoi à la rentrée ?
Une rentrée comme les autres ?
Le débordement des rayonnages en librairie, l’inflation, le prix du papier et la surproduction, entre autres, rendent le contexte de cette rentrée particulier et plus tourné vers la sobriété.
Certaines maisons se targuent de faire paraitre moins de titres cette année, d’autres (comme l’Ogre) zappent carrément cette grande messe.
On devrait tout de même avoisiner (ou dépasser ?) les 400 parutions entre août et septembre, le phénomène reste bien ancré (pour mon plus grand plaisir).
Je n’ai donc analysé ici qu’un tiers des livres à paraitre ; je le répète, c’est une vision très partielle, subjective et biaisée de ce qui nous attend.
(Préparez-vous à beaucoup cliquer tout au long de cet article. Une fois n’est pas coutume. Désolée pour ces allées et venues digitales.)
Deux thèmes ressortent, très présents dans ce panel de la rentrée : la famille et la guerre.
Que ce soit à travers la quête des origines, les silences, les secrets, les romans de frères et de sœurs, de quête du père ou récit de mère (exemples non exhaustifs), la famille est partout.
D’ailleurs, c’est quoi ce rêve récurrent d’abandonner son bébé ? Un pont rigolo entre le premier roman de Quentin Jardon, le chagrin moderne ; toujours l’aimer de Matthieu Gounelle et l’éclipse de Sarah Bussy.
La guerre, comme souvent, est aussi très présente que ce soit avec à travers des enquêtes, des témoignages incontournables, histoires vraies ou des romans de fiction.
Je m’attendais à plus d’autofictions, finalement assez peu ; même si, pas d’affolement, Amélie Nothomb revient nous conter son impossible retour au Japon (Albin Michel).
En parlant de star littéraire, fort à parier en tout cas que Gaël Faye sera l’engouement de cette rentrée, de retour avec Jacaranda (Grasset) où il plonge cette fois dans l’histoire du Rwanda, qui irradiait déjà Petit Pays.
Emma Becker devrait aussi (encore) faire parler d’elle (Le mal joli chez Albin Michel), tout comme Kamel Daoud (Houris, Gallimard), Maylis de Kerangal (Jour de ressac, Gallimard) et Grégoire Bouillier (le syndrome de l’Orangerie, Flammarion).
On comptera aussi sur la présence inopinée d’Almodovar chez Flammarion en cette rentrée.
Mais alors on attend quoi avec impatience ?
Dans ma liste 24 oui (dont deux en majuscule), 38 pourquoi pas (qui finiront sans doute endormis dans ma pile à lire) donc 43 % de tentations (incorrigible…) qui seront maintenant soumises aux critiques, retours et échanges avec les ami·es lecteur·ices et libraires (leurs recommandations vont évidemment venir tout chambouler).
Je vais essayer d’être brève, je ne citerai pas les 62 titres repérés mais quelques-uns des ouvrages qui me font de l’œil.
Je n’ai bien sûr encore rien lu de cette rentrée (si ce n’est quelques extraits).
Les auteurs et autrices que je lirai parce que c’est eux ❤️
(Parce que c’est toi, parce que c’est moi, parce que c’était écrit comme ça - si quelqu’un est ému·e par la ref, j’ai toujours le CD 2 titres, je peux te le prêter éventuellement)
Alice Zeniter (à qui je voue un culte) revient avec Frapper l’épopée, un roman sur la Nouvelle-Calédonie (fort à propos) chez Flammarion.
Aurélien Bellanger sera forcément remarqué avec ce roman très actuel Les derniers jours du parti socialiste (Seuil). Cet écrivain me convainc toujours, quel que soit le sujet, donc j’y vais les yeux fermés.
Abel Quentin dresse dans Cabane (éditions de l’observatoire) la satire d’une humanité qui danse au bord de l’abîme (j’adore déjà) à travers une histoire du progrès des années 70 à 2000. Le ton si juste et l’humour de l’auteur me laissent entrevoir une belle lecture.
Faiza Guene revient avec Kiffe, kiffe hier (Fayard) ; celles et ceux qui reconnaitront l’hommage sont impatients aussi.
J’avais beaucoup apprécié le premier roman de Marie Vingtras, Blizzard, auquel Les âmes féroces (éditions de l’Olivier) semblent emprunter l’art du suspens et de jongler entre les points de vue (si le roman est à nouveau polyphonique comme je le présume).
Les maisons d’édition qui sont sorties du lot à mes yeux 👀
Fayard avec Faiza Guene dont j’ai déjà parlé juste au-dessus mais aussi un premier roman étranger sur les ravages de la guerre en Géorgie (Leo Vardiashvili, A l’orée d’une grande forêt), un roman qui explore le marketing viral et le désir (Allie Rowbottom, Aesthetica) et un premier roman sur l’adolescence chancelante dans les années 80 (Charlotte Des Georges, Chiens de meute).
Le bruit du monde avec un roman étranger qui nous emmène à Téhéran dans les pas d’un amour homosexuel clandestin (Navid Sinaki, Les larmes rouges sur la façade) et L’œil de la perdrix de Christian Astolfi, roman d’émancipation de deux femmes, entre France et Algérie.
Rue Fromentin (que je lis peu) avec Le diplôme d’octobre de Ludovic Roubaudi, sur la montée du totalitarisme, et Marc, premier roman de Benjamin Stock, qui me semble décalé et plein d’humour.
Séduite par la majorité des titres qui vont paraitre chez Denoel.
Les œuvres intérieures de Charlotte Augusta (premier roman) et Je ne veux pas de Eva Aagaard (roman étranger) m’intriguent grandement.
Je suis aussi attirée par American Boys de Khashayar J. Khabushani, histoire d’un jeune homme qui grandit entre États-Unis et Iran.
Bien que je ne sois pas tellement fan des enquêtes en littérature, La mère diabolique de Prune Antoine pourrait me tenter, avec ce récit d’infanticide qui dépeint ce que la maternité peut avoir de plus cruel et terrible.
Beaucoup de tentation côté romans étrangers 🌍
Deux parutions étrangères de Métailié m’attirent.
Les éphémères d’Andrew O’Hagan (Écosse)
Une bande d’amis, un voyage vibrant qui marque le début de leur vie adulte avec la promesse que les passions qu’ils partagent (la musique, le cinéma, l’humour, la provoc) résisteront toujours. Puis, trente ans plus tard, les revoilà réunis par une nouvelle décisive. Un roman sur l’amitié qui me semble tout à fait palpitant !
Histoire d’une domestication de Camila Sosa Vilada (Argentine)
Ce roman élégant, érotique et profondément universel est un coup de pioche dans les fondations de la famille et des traditions, une exploration brutale d’un couple atypique (mais quel couple ne l’est pas ?), un livre sur les mille et une manières de désirer, de provoquer, de ressentir.
Chez Philippe Rey, Le désastre de la maison des notables d’Amira Ghenim dépeint plus de 50 ans d’histoire tunisienne (un prochain horizon littéraire sur lequel me pencher) à travers le prisme des droits des femmes.
Nathan Hill (dont j’ai beaucoup aimé le premier roman les fantômes du vieux pays) publie Bien-être chez Gallimard, nouveau roman ambitieux avec l’Amérique en toile de fond.
Je cite l’éditeur : « Bâti avec de malicieux va-et-vient dans le temps, Bien-être est la fresque épatante d’un amour dont le décor, Chicago, perd son âme à mesure que les sentiments s’abiment. Nathan Hill y décortique le couple et l’état de la middle class avec un panache, une ingéniosité et un humour irrésistibles. Du grand roman américain au souffle palpitant. »
Julia de Sandra Newman (Robert Laffont) m’intrigue complètement. L’autrice revisite 1984 d’Orwell (toujours tellement actuel) sous l’angle du personnage de Julia, avec un regard féminin (et féministe). Un exercice risqué mais qui peut être grandiose.
Le pacte de l’eau, d’Abraham Verghese, chez Flammarion, est décrit comme un livre-monde dans lequel on suit une fillette indienne jusqu’à ses derniers jours, dans une vie frappée par une étrange malédiction.
Chez Albin Michel, je garde un œil sur Retour à Belfast (Michael Magee) « ce premier roman aborde avec une remarquable lucidité des sujets très contemporains : masculinité toxique, déterminisme social et secrets de famille. À travers ce roman d’apprentissage extrêmement poignant, c’est le portrait de l’Irlande du Nord que brosse Michael Magee »
Et sur le déluge (Stephen Markley), « livre choc sur l’écologie » (il y en a encore si peu !), mais je ne me lance pas dans un roman de 1000 pages en pleine rentrée littéraire sans certaines garanties, j’attends les critiques. 😄
Des premiers romans repérés 👶
Au Seuil (dont j’aime souvent les premiers romans), Monia Aljalis avec l’Extase et Anouk Schavelzon, le bleu n’abime pas. Deux récits qui questionnent à leur manière les origines et la féminité.
Je retiens aussi Challah la danse de Dalya Daoud qui porte sur l’exil, l’intégration à un ailleurs.
Premier roman des origines perdues aussi chez Albin Michel, Tout le bruit du Guéliz de Ruben Barrouk nous ramène au Maroc, dans un pays « où l’on vivait tous ensemble ».
Aux éditions de l’Olivier, Après ça d’Eliot Ruffel se situe pile là où j’apprécie les histoires, au passage entre l’adolescence et l’âge adulte. Le pitch m’a eue à cette phrase : « Comment devenir un homme quand les pères ont la main lourde les soirs de défaite de l’OM ou sont absents et que les frères sont partis ? »
Je n’en ai listé qu’une vingtaine sur les (a priori) 60-70 qui paraitront, d’autres surprises et découvertes à venir donc !
Et pour aller encore plus loin 🤓
🍬 Pour un avant-goût encore plus détaillé et savoureux, rendez-vous sur le podcast de Livres Hebdo qui a interrogé quelques éditeurs au sujet du choix de leurs titres à paraitre (j’adore l’idée).
🏡 Les maisons indépendantes présentent aussi leur rentrée littéraire par ici (avec Harmonia Mundi).
🏆 La Fnac a déjà annoncé les 30 ouvrages sélectionnés pour le premier prix de la rentrée littéraire.
Je vous laisse sur ces belles promesses de nouvelles lectures palpitantes, de surprises renversantes ou de flop astronomiques.
On se retrouve à la rentrée, pour une tout autre exploration de la rentrée littéraire, celle de 2014 cette fois ! Que reste-t-il de nos lectures ? 10 ans après, on fera le point et l’on creusera la question avec un exercice d’introspection à renfort de flash-back.
Excellente newsletter comme toujours. 😘🥰😍
Tellement hâte. Merci d’avoir défriché une partie 😅