Premiers coups de cœur 2025 : ma sélection 📚
Bilan de mes lectures du premier trimestre : coups de coeur, bonnes surprises et déceptions. Lumière sur les livres qui m’ont marquée.
Bienvenue dans cette 52ème édition de Aux livres, etc. 📚
Ici, on se penche sur l’acte de lire, sur ce que cela représente d’être lectrice, lecteur, à l’ère de Netflix et Youtube. Toutes les deux semaines une thématique liée à la littérature et à la lecture dans ta boîte mail, pour te donner envie de (re)lire. Retrouve la genèse du projet par ici pour en savoir plus.
Alors qu’ai-je lu en ce début d’année ?
Bim, voilà.
Parmi ces livres, il y en eut beaucoup (principalement) de sympas, bien écrits, étonnants et divertissants.
Mais, desquels ai-je vraiment envie de parler ? Lesquels m’ont réellement marquée ?
Au lieu de tout passer en revue, je vais me concentrer sur mes coups de cœur, sur ceux qui m’ont surprise et rapidement vous partager trois gros flops !
❤️ Mes trois favoris de ce début d’année.
Commençons par deux ouvrages dont j’ai déjà beaucoup parlé ici, je ne reviendrai pas longuement dessus, mais à nouveau je vous les recommande chaudement !
Dans des styles très différents, tous deux sont porteurs d’espoir : un essai pour réinsérer le progrès dans une logique écologique et un roman utopique qui propose un nouveau récit autour du travail.
Tous deux invitent aussi à leur manière à ralentir. À mettre entre toutes les mains.
De quel progrès avons-nous besoin ? Bruno Markov
Ma précédente recommandation ici (autant dire une newsletter dédiée quasiment).
Paresse pour tous, Hadrien Klent
Ma brève critique et édition autour de la paresse ici.
Et, un livre magnifique mais qui n’a évidemment pas besoin de mon avis pour convaincre (et désormais en Poche).
Impossibles adieux, Han Kang
Comment écrire un si beau roman sur le deuil et la mort, sur un massacre (celui de Jeju, qui précède la guerre de Corée) ? L’onirisme d’Han Kang nous entraîne sur des chemins enneigés, nébuleux, fantasmagoriques dans lesquels on aime se perdre. L’ensemble de l’histoire semble se dérouler de nuit, éclairé à la lueur d’une bougie.
Ce roman est infiniment beau et important. L’horreur est dite avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, le texte est admirable, sensoriel, doux et pénétrant. Tout paraît si fragile, ténu, à commencer par la neige et les oiseaux, les âmes aussi.
Quelle lecture prenante, douce et terrifiante à la fois ! Une de celles qui restent longtemps ! (On n’a donc, en général, pas un prix Nobel pour rien.)
À lire !
Cette lecture a été partagée dans le cadre du book club et a convaincu à l’unanimité, malgré des zones d’ombres trop opaques pour certaines.
« S’il existe, dans l’empire céleste ou dans celui des morts, quelque chose comme un miroir géant qui voit chacun de nos gestes et entend chacune de nos paroles, et qui les garde en mémoire comme le racontent nos anciennes croyances, mes quatre dernières années doivent ressembler, dans ce miroir, à une sorte d’escargot qui aurait quitté sa coquille et avancerait sur une lame. Un corps qui veut vivre. Un corps percé, tranché. Un corps qui repousse, qui étreint, s’accroche. Un corps à genoux. Un corps qui supplie. Un corps qui suinte sans cesse, sans qu’il soit possible de dire si c’est du sang, du pus ou des larmes. »
🔥 Lumière sur mes plus grosses surprises.
Le livre que je n’ai pas écrit, Laure Gouraige
J’avais rencontré (et beaucoup apprécié) l’autrice au Supper book club ; son livre a aussi été une belle découverte.
L’idée de départ : peut-on écrire un roman gai, léger et drôle ? C’est le projet de Gaïa, écrivaine et journaliste de mode désabusée et un peu paumée. Et Laure Gouraige remplit ce contrat à merveille.
Léger oui, comme une bonne comédie (j’y retrouve des allures de Woody Allen — les plus anciens). Gai et entraînant assurément. Drôle souvent. C’est un roman réconfortant, addictif et brillant (c’est rare !).
Au-delà de l’histoire réjouissante sous ses abords légers, c’est à une réflexion sur la littérature que l’on assiste ici, sur son intellectualisation, sur l’étroitesse de ce milieu en France. Des allers-retours avec les États-Unis soulignent aussi nos différences culturelles et renforcent l’élitisme français.
« Marcus soulevait un point intéressant, l’objet livre nous incite instinctivement à l’élitisme. On parle naturellement d’un bon film commercial, alors qu’un livre grand public fait honte.
Ce qu’on disait avec ta mère, c’est qu’il faut penser au rapport culturel qu’on entretient au bon et au beau. Aux États-Unis, si tu as écrit un livre, tu es un écrivain, en France c’est pas si simple. »
Comédie et littérature sont dures à concilier mais c’est un pari gagné ici, avec intelligence.
Ce roman me donne envie de suivre Laure Gouraige (à commencer par rattraper ma lecture de ses précédentes parutions).
Pour celles et ceux qui ont besoin de sourires et de légèreté.
Ces féroces soldats, Joel Egloff
J’ai foncé les yeux fermés sur ce livre, sur une recommandation de Selma (que vous aviez rencontrée ici à propos de la littérature marocaine).
Avez-vous déjà entendu parler des malgré nous ? Je vous avoue que moi non, avant d’ouvrir ce livre.
Comme 130 000 hommes en Alsace-Lorraine le père de l’auteur a été enrôlé de force dans l’armée allemande en 1943. Une histoire peu connue que l’on découvre ici à travers un témoignage précieux. C’est un récit sobre et juste, pudique mais plein d’émotions. Il nous donne à voir la guerre à hauteur d’homme (et d’enfant !) dans un style fluide, simple, percutant et clair. La perspective de ce lorrain tombé du mauvais côté éclaire une zone d’ombres et de nuances de la guerre, au-delà des gentils et des méchants. Un livre grandiose et nécessaire !
J’ai aussi envie de lire tout Joel Egloff désormais, la liste des ouvrages à rattraper s’allonge !
Pour celles et ceux qui aiment les petites histoires dans la grande et aborder les événements avec de nouveaux points de vue.
« On connaît l’histoire. Tout commence sur Radio Londres par deux vers de Verlaine. Je répète. Tout commence par deux vers de Verlaine. Ensuite, il n’y a plus vraiment de place pour la poésie. »
La petite bonne, Bérénice Pichat
J’entendais depuis la rentrée parler de ce roman sur Instagram, une aura de succès confidentiel commençait doucement à s’installer autour de lui, il était dans mon radar et sa sélection pour le prix de la librairie l’Instant (pour lequel il reste en lice) m’a fait succomber.
Il y a toujours le même risque à lire un roman quand la hype est déjà montée : les attentes sont hautes, les risques de déception élevés. Et j’ai effectivement eu beaucoup de mal à rentrer dedans (presque 150 pages… il n’est pas dit que j’aurai tenu si longtemps sans les paroles rassurantes de ma libraire Sandrine).
L’histoire est plutôt simple, sans trop en dévoiler : une domestique doit passer le week-end auprès d’un de ses employeurs, gueule cassée de la Première Guerre, homme amer et accablé. Il profite de l’absence de son épouse pour fomenter un plan dans lequel il essayera d’entraîner la jeune femme.
On voit immédiatement venir la teneur du projet, l’ensemble est plutôt convenu/attendu et il y a une contradiction évidente dans le roman qui continue à m’agacer (s’il te plait écris-moi si tu l’as vue aussi, même si c’est un infime détail) mais la fin sauve tout !
J’ai aimé son rythme, la plume, l’alternance de prose et vers libres, le regard sur la domesticité mais surtout ce roman est un crescendo. Il monte en puissance jusqu’à un final magistral, merveilleusement orchestré.
Parfait pour celles et ceux qui veulent être surpris et découvrir des écritures différentes.
Merci à Céline pour le prêt de ce livre.
Je ne dis rien pour l’instant des trois livres allemands sélectionnés pour le book club du trimestre car on ne s’est pas encore réuni, mais je peux dire que La famille Ruck (Katja Schönherr) a aussi été une belle découverte.
😒 Place aux déceptions
Ou les livres à côté desquels je suis passée, pour le dire poliment. En bref :
📱 Époque, Laura Poggioli. Si le pitch était intéressant (sonder le mal-être des jeunes à l’ère de l’omniprésence des écrans), le résultat est décevant. L’autrice est beaucoup trop présente, elle se penche plus sur sa propre histoire d’adultère, sous une forme impudique et grotesque qui éclipse le sujet du livre.
Cette forme de littérature de soi et du réel est justement ici bien trop en prise avec notre époque. Une époque qui se regarde et s’angoisse. Une littérature qui surfe sur les émotions et la peur.
📚 Bienvenue à la librairie Hyunam, Bo-reum Hwang. Pas mon type de lecture habituellement, j’ai voulu essayer, piocher dans cette littérature feel-good asiatique pour voir où était le plaisir. Bon, je n’en ai pas trouvé. On tourne en rond, rien n’a de prise, ça n’avance pas. Une sensation de fadeur. Ce n’est pas pour moi (ni pour les autres membres du book club ceci dit ; personne n’a accroché). Je conçois que l’on puisse avoir besoin de ce type de lecture apaisante parfois, ça reste un succès de librairie, mais sans doute existe-t-il d’autres ouvrages avec plus de teneur et de style.
🤳 Petite poucette, Michel Serres. J’ai trouvé le philosophe hors sol et trop optimiste. Peut-être est-ce dû à un ouvrage déjà daté (ce qui est quand même dommage) ou au fait que jamais je n’ai réussi à accrocher avec cet auteur.
Si tu as aimé ou été touché·e, s’il te plait dis-m’en plus.
Voilà pour cette fois.
Si tu veux avoir un avis ou discuter d’un autre des ouvrages lus ces derniers mois, réponds à ce mail ou les commentaires sont ouverts.
Mes envies pour les mois à venir :
Continuer à explorer la paresse
Me plonger dans Terreur d’Ariane Jousse suite à une reco de Lauren Malka.
Enfin lire le dernier volet de la trilogie de Leila Slimani, J’emporterais le feu, et Ultramarins de Mariette Navarro dont j’ai tant réentendu parler dernièrement.
Partir pour un nouveau pays avec le book club.
Et reprendre ma liste d’envie de début d’année qui n’a pas été assouvie !
Bientôt dans la newsletter, j’aimerais aborder la manière dont je choisis mes lectures (à moins que ce ne soit elles qui me choisissent 😵💫) mais aussi ma passion pour Modiano, les livres et la mer, la littérature belge… entre autres ! À suivre.
On termine sur un vers de Prévert (dans Carmina Burana, Choses et autres), d’actualité.
La musique c’est le soleil du silence
Le printemps, la poésie, tout ce que je nous souhaite pour les semaines à venir. ☀️
Julia
Magnifique cette mosaïque de livres !
Trop cool cette newsletter. J'ai envie de lire ces féroces soldats, je l'ajoute à la liste de tes reco à lire !
Même avis pour la petite bonne, drôle qu'on en parle à 1 jour d'écart même si je suis peut être plus sceptique ...